Famille recomposée
Rares sont les autos à avoir fait un tel grand écart, puis, après avoir été considérées au mieux comme auto de vieux ou d’étudiants rouleurs fauchés (elle était moins chère qu’une 205, la Visa 17 RD, mais elle ne faisait pas rêver)
Elle a ensuite connu des dérivés sportifs (GT, GTI, Chrono) voire carrément sauvages (1000 pistes, Trophée), après que son groin initial ait retouché par Heuliez, après enfin que son dérivé utilitaire C15 (pour 1500 kg de PTAC) ait peuplé nos villes et peuple encore nos campagnes, le constat est évident, on ne voit plus beaucoup de Visa.
2ème rejeton de la famille recomposée Peugeot Citroën, basée sur un châssis de 104, utilisant tantôt des bicylindres longitudinaux, tantôt des 4 cylindres transversaux, la Visa mérite qu’on se penche sur les beaux exemplaires.
La Visa 14 TRS n’a été vendue que pendant 3 années en fin de carrière du modèle, éclipsée par les GTI et les Diesel en son temps. Elle bénéficie (et c’est peut être dommage pour les amateurs…) du nouveau tableau de bord intégrant même un compte tours qui permet de surveiller l’entrain du 4 cylindres X de 1360 cc
Ses 60 cv animent dans le bruit caractéristique de ce moteur (sa fameuse cascade de pignons) les 830 kg à vide de la bête.
Non pas que celui ci soit un poumon, les 60 percherons font le job, c’est lorsqu’on ouvre le capot que le doute envahit le propriétaire. Une roue de secours saute aux yeux, un peu comme dans une 911 bien que la comparaison s’arrête la. Celle ci retirée, l’implantation “couchée” du moulin surprend, la boite est sous le moteur et tous font huile commune.
On pourrait craindre le pire en termes d’accès, mais toutes les opérations courantes sont réalisables avec une simplicité d’accès que les ingénieurs contorsionnistes qui implantent les organes dans les voitures actuelles pourraient copier
Le tour du propriétaire
Pas d’extensions d’ailes, de larges baguettes sur les portières, des boucliers assez épais, des yeux un peu tristes de cocker fidèle, le vendeur Citroen de l’époque devait être convaincant pour vanter les mérites du physique du modèle face aux Super 5, 205, Fiesta, Corsa…. Au crédit de la 14 TRS, modèle cossu de la gamme :
- Les liserés courant sur les flans,
- Un aileron m(a)ousse costaud,
- Des envoliveurs spécifiques,
- Un essuie glace arrière,
- Un essuie glace avant (c’est une Visa)
- Un compte tours,
- Des sièges avec appuie tête,
- Une boite 5 vitesses sur notre modèle (option d’époque)
Cette Visa est en état d’origine satisfaisant, l’aile avant conducteur et la portière ont été (bien) repeints dans la teinte d’origine. Les plastiques un peu décolorés et joints sont en bon état et l’auto ne présente pas de traces de corrosion perforante avec des dessous très sains.
Une préparation esthétique est à venir pour atténuer les conséquences d’un vilain orage de grêle qui a marqué le capot (il sera changé) et le toit (c’est plus compliqué, un débosselage est requis)
A l’intérieur
L’ouverture se fait à la clef, avec un petit “clonc” au lever du loquet. Point de centralisation, il faudra se pencher pour ouvrir à vos passagers avec les manettes reprises des 104 ou faire le tour de la voiture pour déverrouiller.
Dans l’auto, tout est fonctionnel et d’origine, et malgré une qualité de construction intérieure assez légère d’origine, les équipements et commandes ont parfaitement supporté les 36 ans et presque 100.000 km parcourus. Seuls bémols actuels : la moquette de plage arrière a disparu et le siège conducteur est à remplacer ou regarnir. (recherche en cours !)
Au volant
Quel confort ! Le moelleux des sièges et de la suspension rappelle que l’un des arguments de vente des petites françaises et plus spécifiquement de Citroën était celui ci.
On ne sait pas trop de quel côté du volant passer pour attraper le starter à gauche, derrière ou à travers le volant. Ce son moteur fait partie du patrimoine pour les quarantenaires et plus, entendu sur les 104, 205, R14, Samba, BX….. Sa distribution par cascade de pignons lui donne une mélodie à part, et dispense de surveiller la courroie par ailleurs. Il est réputé pour sa robustesse, à moins de 100 mille, le rodage se termine.
La direction, non assistée est douce, tout comme les commandes de frein, embrayage et accélérateur. La conduite est donc très naturelle et ce qui étonne, c’est l’absence de capot dans le champ de vision et l’impression de vivre la route immédiatement derrière le pare brise.
Les suspensions et l’amortissement de qualité font oublier les dos d’âne mieux que bien des autos modernes, la tenue de route est bonne, sans la vivacité de sa cousine 205 au lever de pied, la Visa, dans des conditions d’utilisation standard est neutre, et, rappelons le, ce n’est pas une sportive !
On s’insère sans problèmes dans la circulation d’ajourd’hui, les 80 à 90 km/h sont atteints sans problème et sans sueur, et, si les 156 km/h de pointe autorisent l’autoroute, les 30 ans de progrès sur l’insonorisation des véhicules vous sauteront alors aux oreilles. L’auto freine en ligne, en plongeant assez significativement mais de manière plutôt stable (freinage d’urgence testé pour vous en revenant du CT !)
Historique
Cette auto a vécu dans la même famille iséroise (2 propriétaires avec transmission en 1996) de 1985 à 2019, reprise et sauvée des primes à la conversion par un concessionnaire Renault en échange d’un Kangoo utilitaire. Rachetée par un de ses amis amateur de petites Citroën, elle a servi de daily une année avant d’être remplacée par une moderne AX et être victime d’un arbitrage en faveur de la restauration d’une 2CV….C’est dur d’être au milieu d’une fratrie.
L’auto est révisée (fluides et filtration, contrôle des freins) et prête à partir vers de nouvelles aventures
Les 2 rapports de CT disponibles (2019 et 2021) sont favorables et ne présentent pas de défaillances majeures ou critiques.
Le verdict
Ce n’est pas la plus belle, ce n’est pas la plus rapide, pourtant, on s’attache à cette petite auto. Avant les versions de pointe, une Visa pas paresseuse, equipée correctement et fondamentalement saine. Il y aurait eu moins de 20.000 exemplaires de 14 TRS sur ses 3 années de commercialisation, combien en reste t il ?
Un bon état général, pas de rouille, un kilométrage contenu, tout pour faire un petit youngtimer sympa, à l’écart des modèles phare, avec le capital sympathie et le confort des petites Citroën. Pour un budget contenu, celle ou celui qui cherche une auto sympa, facile d’entretien, nous avons là une bonne base.